Avec 505 Migrants, un emoji suffit pour obtenir de l’information sur les lieux fournissant des services aux exilés à la rue. Crédit : 505 Migrants/Capture d'écran
Avec 505 Migrants, un emoji suffit pour obtenir de l’information sur les lieux fournissant des services aux exilés à la rue. Crédit : 505 Migrants/Capture d'écran

Des émojis à envoyer sur WhatsApp pour trouver l'hôpital, l'abri le plus proche, ou recevoir un repas chaud : c'est ce que propose la plateforme de discussion 505 Migrants, lancée la semaine dernière. Un outil destiné à pallier le manque d'informations dont souffrent les exilés à la rue.

Prendre une douche, manger un repas chaud ou se soigner : des besoins de base auxquels n’ont pas toujours accès les exilés à la rue. En cause, souvent ? Un manque d’informations. Afin de les aider, les associations France terre d’asile et Watizat mettent à leur disposition un espace de discussion gratuit sur WhatsApp, 505 Migrants. Pour y accéder, il faut flasher le QR code ou entrer le numéro de téléphone inscrits sur les flyers distribués aux migrants ces dernières semaines à Paris. Une campagne d’affichage ciblée, dans les endroits de la capitale que fréquentent les exilés, a également été organisée.

L'utilisateur de 505 Migrants est géolocalisé. La plateforme lui envoie donc les coordonnées de la structure la plus proche de lui. Crédit : 505 Migrants/Capture d'écran
L'utilisateur de 505 Migrants est géolocalisé. La plateforme lui envoie donc les coordonnées de la structure la plus proche de lui. Crédit : 505 Migrants/Capture d'écran


Une fois la conversation ouverte, une sélection d’émojis est proposée à l’utilisateur. Il suffit alors d’envoyer celui qui correspond à ses besoins. Par exemple, si le dessin "douche" est envoyé, 505 Migrants transmet immédiatement les coordonnées de la structure correspondante la plus proche, le message de l’utilisateur étant géolocalisé. L’émoji "assiette", ou n'importe quel symbole se rattachant à de la nourriture, renvoie la personne vers une association, un lieu de distribution de repas, ou même un magasin qui donne des produits invendus.

À noter, 505 Migrants ne fonctionne que sur l’échange d’émojis et d’adresses. Il n’est pas possible d’envoyer un message écrit sur la conversation, ou d’appeler directement le numéro.  

"Tout s'embrouille dans ma tête"

Pour Théa Drogrez, coordinatrice au sein de Watizat, l’utilisation d’émojis sert d'abord à "dépasser la barrière de la langue". "Même si l'information arrive jusqu'aux personnes exilées dans le besoin, c'est souvent la compréhension qui pose problème. La plupart des guides qui leur sont distribués ou des sites Internet qu'ils consultent sont en français, explique-t-elle. Pour un migrant allophone ou une personne illettrée, obtenir de l'aide se révèle vite très compliqué, voire impossible."

Les émojis ont aussi été pensés pour les exilés qui, même s'ils n'ont pas de difficulté en français au départ, ne se sentent plus capables de demander de l'aide. "La grande précarité dans laquelle vivent ces personnes engendre beaucoup d'anxiété et des pertes de repères. Résultat, rédiger un mail ou formuler une requête qui exige des explications devient difficile, affirme Théa Drogrez. Lors d'une maraude, un exilé nous a d'ailleurs assuré être incapable de lire un petit livret, qui lui avait été remis par une association. Il nous a dit être 'épuisé'. Que 'tout s'embrouillait dans [sa] tête'."

Pour les migrants allophones, demander de l'aide peut s'avérer très compliqué. Crédit : 505 Migrants/Capture d'écran
Pour les migrants allophones, demander de l'aide peut s'avérer très compliqué. Crédit : 505 Migrants/Capture d'écran


Des problématiques qui touchent une grande majorité de migrants, quel que soit leur pays d'installation. Aux Pays-Bas, l'application "Refugee Friend" (l'ami du réfugié) permet aux utilisateurs de trouver sur une carte les gens prêts à les aider pour les loger ou les nourrir, leur prodiguer des soins ou les transporter.

>> À (re)lire : Au Pays-Bas, lancement d'une application pour les migrants

À Paris, 505 Migrants répertorie pour l'instant une trentaine d'adresses. Mais le numéro est amené à évoluer. "Nous aimerions affiner nos propositions, indique Théa Drogrez. Et proposer par exemple, dans quelques mois, des hébergements dédiés aux femmes, aux familles, ou aux mineurs."

*La plateforme 505 Migrants est accessible à ce numéro : +33 7 56 79 85 05.

 

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